Le Gouvernement fédéral réaffirme son engagement envers les objectifs du Green Deal, tout en soulignant la nécessité de prendre en compte les impacts socio-économiques et la compétitivité de l'économie. Il prévoit une série de mesures pour faire face à ce double enjeu, notamment l’accès à une électricité décarbonée, en suffisance, abordable et à un prix compétitif. Nous rejoignons cet objectif, condition nécessaire à la décarbonation des acteurs économiques wallons.
La dépendance aux importations de carburants en provenance de pays géopolitiquement à risque est une faiblesse pour l’Europe, la Belgique et la Wallonie. Le Gouvernement fédéral reconnaît dès lors l’importance d’accroître notre indépendance énergétique.
Une vision indispensable sur le mix énergétique
Pour assurer un approvisionnement énergétique fiable et abordable et atteindre ses objectifs climatiques, le Gouvernement fédéral s’engage à élaborer un mix énergétique basé sur des critères objectifs. Trois principes fondamentaux guideront cette démarche : la sécurité d’approvisionnement, un prix abordable pour les citoyens et les entreprises, et la durabilité environnementale. Toutes les sources d’énergie seront évaluées sur la base des mêmes critères afin de parvenir à la composition la plus rentable du mix énergétique, sans préjuger de la part de chaque source. AKT soutient pleinement cette approche équilibrée et transparente.
Un élément clé de cette stratégie est la création d’un Haut Conseil de l’approvisionnement énergétique, un organisme autonome et indépendant du secteur, chargé de collecter des données objectives et d’assurer la transparence du processus décisionnel. Un pacte énergétique interfédéral sera établi pour définir une vision à long terme. Il sera encadré par un accord de coopération qui permettra d’opérationnaliser cette stratégie, soulignant la nécessité d’une coordination nationale forte pour la transition énergétique et la sécurité d’approvisionnement, ce qui a manqué ces dernières décennies.
Infrastructures et réseaux : un chantier prioritaire
Le Gouvernement fédéral s’engage à développer des infrastructures et des réseaux robustes pour soutenir la transition énergétique. Les interconnexions, qu’elles soient électriques, de CO2 ou d’hydrogène, sont jugées essentielles. Les entreprises wallonnes partagent pleinement cette priorité de renforcer les réseaux (électriques et CO2) et soulignent l’urgence de la mettre en œuvre.
Le Gouvernement fédéral plaidera pour une politique européenne favorisant le financement et le soutien public à ces infrastructures. Au-delà du financement, ce sont également les freins opérationnels qui devront être levés, en particulier au niveau régional, en établissant le cadre règlementaire pour le développement du CO2 et en levant (enfin) les freins en matière de permis. Le Gouvernement fédéral s’engage aussi à poursuivre la coopération pour un réseau en mer du Nord et à faciliter la connexion de l’énergie offshore. La collaboration avec les régions, notamment pour des dossiers tels que la boucle du Hainaut, est une priorité pour le secteur économique wallon.
La flexibilité, l’interconnexion et la gestion de la demande sont au cœur de la stratégie gouvernementale. Il est question de faire usage de mécanismes de flexibilité afin d’optimiser la production et la consommation d’énergie. Un accord de coopération avec les Régions est prévu pour encadrer ces aspects. Une fois encore, nous soulignons l’importance de cette mesure et encourageons le Gouvernement fédéral à l’implémenter rapidement.
La fiscalité au service du prix de l’électricité
Le Gouvernement entend utiliser la fiscalité pour encourager une consommation énergétique plus durable. L’objectif est de créer un signal de prix favorable à l’électricité et aux combustibles neutres en carbone, tout en restant concurrentiel par rapport aux pays voisins. Pour atteindre cet objectif, le Gouvernement mentionne l’utilisation des leviers à sa disposition, notamment les taxes, les accises et les coûts de réseau, en étroite coordination avec les Régions et dans le respect des compétences des régulateurs.
L’abaissement du taux d’accises sur l’électricité pour les entreprises au minimum européen est une mesure clé. Celle-ci, accompagnée d’une réduction des tarifs de réseau, visera à améliorer la compétitivité des entreprises tout en encourageant l’électrification des procédés, ce à quoi les industries wallonnes souscrivent.
Si cette orientation fiscale est prometteuse dans une perspective économique et climatique positive, sa mise en œuvre concrète suscite des interrogations. Nous encourageons le Gouvernement à avancer sur cette proposition en assurant une bonne coordination avec les Régions et la prise en compte des impacts socio-économiques dans la définition des modalités.
Une volonté à opérationnaliser
La volonté du Gouvernement fédéral de renforcer l’indépendance énergétique du pays, de garantir un approvisionnement fiable et abordable et de soutenir la compétitivité des entreprises wallonnes est palpable, et largement soutenue par AKT. Cependant, un point d’attention persiste quant à l’opérationnalisation des mesures citées. Cet accord ne doit pas devenir une liste de bonnes intentions, et la réalisation de ces objectifs ambitieux soulève plusieurs enjeux cruciaux.
Tout d’abord, la mise en œuvre de ces politiques nécessitera une coordination étroite et efficace entre les différents niveaux de pouvoir, notamment entre le fédéral et les Régions. Les compétences en matière d’énergie sont partagées, et une collaboration sans faille sera indispensable pour surmonter les obstacles et assurer la cohérence des actions.
Ensuite, l’évaluation rigoureuse des impacts socio-économiques de ces mesures sera essentielle pour garantir une transition soutenable. Les mesures proposées sont pertinentes et nécessaires, mais les modalités devront être adaptées pour garantir que la décarbonation ne se fasse pas au détriment de la compétitivité des entreprises.
Enfin, la concrétisation de ces objectifs ambitieux dépendra de la capacité du Gouvernement à relever les défis techniques, financiers et réglementaires qui se présenteront. Le développement des infrastructures, l’octroi rapide des permis et autorisations, la promotion de l’innovation technologique et la mise en place d’un cadre fiscal stable et incitatif sont autant de chantiers prioritaires qui nécessiteront des efforts soutenus et une vision à long terme.