Les entrepreneurs wallons continuent de faire preuve de résilience, malgré un contexte international toujours incertain. Ils anticipent, s’adaptent, investissent. Cette capacité d’adaptation permet à l’économie wallonne de rester globalement stable. Mais derrière cette solidité apparente, des signaux inquiétants émergent dans certains secteurs industriels essentiels pour la Wallonie. C’est ce que révèle la dernière enquête conjoncturelle d’AKT for Wallonia.
Le protectionnisme américain continue de donner le ton
Face à l’augmentation des droits de douane américains et aux incertitudes géopolitiques, les entreprises wallonnes ont réagi : diversification des marchés, adaptation des produits, relocalisation partielle de la production pour certains. Les tendances protectionnistes continuent cependant d’impacter négativement les perspectives de croissance à l’international pour les entreprises wallonnes. Dans ce contexte, l’activité économique en Wallonie pourra cependant compter sur des prévisions d’investissement toujours positives. Et une consommation intérieure solide. La croissance prévue pour 2026, bien que modeste (+1,2%), devrait être très légèrement supérieure à celle attendue en Zone euro (+1,1%), impactée par les difficultés de ses grandes économies.
Certains secteurs industriels en difficulté
Cette stabilité globale ne doit pas faire oublier une réalité plus préoccupante. Certains secteurs industriels structurants pour la Wallonie, comme la chimie ou la pharmacie, montrent des signes de difficulté. La perte de compétitivité se fait ressentir, et pourrait impacter les investissements et les emplois.
Si ces signaux ne sont pas pris en compte, l’impact potentiel pour l’ensemble du tissu industriel wallon pourrait être important. Certains leviers existent et peuvent être activés rapidement au niveau régional : simplification des procédures (plus d’un entrepreneur sur cinq juge que les délais d’obtention de permis comme étant un facteur majeur impactant leur compétitivité) ou soutien du cadre règlementaire et administratif.
Des signaux contrastés pour le marché du travail
D’un côté, le taux d’emploi progresse (passant de 66,3% fin 2024 à 68,4% au deuxième trimestre 2025) et des premiers effets positifs des mesures d’activation sont visibles : hausse du nombre de contrats signés, meilleure participation aux formations, afflux de davantage de candidats dans certaines entreprises.
Mais cette dynamique reste fragile et le nombre de demandeurs d’emploi reste très élevé. Par ailleurs, le nombre de postes vacants reste élevé et les métiers en pénurie sont toujours aussi nombreux.
Il semble donc encore trop tôt pour tirer de réelles conclusions des tendances. Une chose est sûre : il faut aller plus loin dans la mobilisation. Beaucoup de demandeurs d’emploi ne manquent ni de volonté ni de compétences, mais sont découragés par un parcours difficile. De leur côté, les entreprises affirment toujours peiner à recruter, singulièrement dans les métiers en pénurie.
Poursuivre les réformes
Dans un contexte mondial particulièrement compliqué, la résilience des entreprises wallonnes se confirme. Mais pour que cette dynamique tienne, il faut agir maintenant : soutenir les secteurs industriels clés, et renforcer la mobilisation autour de l’emploi.
« La Wallonie a des forces : des entrepreneurs résilients, une économie qui tient bon, et des premiers signaux prudemment positifs sur l’emploi. Mais nous devons aussi regarder les réalités en face : certains secteurs industriels s’essoufflent et appellent des réponses ciblées. Il n’est pas question de tenir un discours alarmiste mais d’anticiper et d’agir sans perdre de temps », conclut Frédéric PANIER, CEO d’AKT for Wallonia.