Fondée en 2015 à Liège, l’association Live in Color a construit au fil des ans un parcours complet d’inclusion : apprentissage de la langue, codes culturels, orientation scolaire, parrainage citoyen… et, en point d’orgue, l’accès à l’emploi.

« Pour moi, l’emploi n’est pas seulement la cerise sur le gâteau, c’est une finalité, explique Nadine Lino. Travailler, c’est participer à la société, créer du réseau, améliorer son français, découvrir la culture. C’est dans l’entreprise que l’inclusion prend vie. »

Un programme innovant

De cette conviction est né Job Diversity, un dispositif pensé pour amener les réfugiés vers un premier emploi en trois mois. La clé ? Agir des deux côtés : préparer les candidats aux codes du marché du travail et sensibiliser les entreprises à la gestion de la diversité.

« Beaucoup de malentendus culturels naissent en entreprise : la notion de contrat, l’importance de l’esprit d’équipe, la participation à des événements… Tout cela n’est pas acquis pour quelqu’un qui arrive de Syrie, d’Afghanistan ou de Palestine. Notre rôle est de leur donner les outils, de travailler les soft skills, la confiance en soi, la recherche d’emploi, pour qu’ils puissent s’intégrer durablement. »

Des profils variés, des réussites concrètes

Live in Color accompagne deux grands profils : les jeunes réfugiés, souvent désorientés face à des métiers qu’ils ne connaissent pas ; les adultes, qui ont déjà des compétences mais doivent les identifier et les valoriser.
Certains partenariats portent déjà leurs fruits. Nadine Lino cite l’entreprise Klinkenberg, qui a formé et engagé Ahmad, ou encore Trasis, une société pharmaceutique « qui en est déjà à sa quatrième recrue passée par Job Diversity en seulement six mois« .

Les obstacles à franchir

Malgré la motivation, les candidats font face à des freins majeurs : la discrimination, le manque de réseau, la méconnaissance des codes de recherche d’emploi, et surtout un déficit de confiance en soi après des années d’attente et de procédures. « On a parfois des ingénieurs, des médecins, des porte-parole politiques… qui se retrouvent complètement perdus. Imaginez, c’est comme si on vous lâchait sur la planète Mars en vous disant : vas-y, trouve un job« , explique Nadine Lino.

Les entreprises aussi accompagnées

Le programme s’adresse autant aux employeurs qu’aux candidats. Live in Color propose aux entreprises des formations (par exemple «la place de la religion au travail»), de la sensibilisation à la diversité et un suivi personnalisé après chaque engagement.

« Parfois, il suffit d’une réunion de 20 minutes pour lever un malentendu. Les employeurs nous disent qu’ils trouvent chez nous des profils préparés et motivés. Certains vont même jusqu’à dire que nos formations devraient exister pour tout le monde, pas seulement pour les réfugiés. »

Dix ans et après ?

L’anniversaire des 10 ans de Live in Color est aussi l’occasion de se projeter. Nadine Lino espère que Job Diversity sera reconnu comme programme à part entière.

« Nos méthodes sortent des sentiers battus, souligne-t-elle. On ne rentre pas toujours dans les cases des subventions, mais c’est cette innovation qui fait notre force. »

Son rêve pour les 10 prochaines années ? « Qu’on travaille enfin main dans la main avec les institutions, les CPAS, les fédérations d’entreprises, les écoles… Nos objectifs sont communs : inclusion, emploi, cohésion sociale. Ensemble, nous pouvons y arriver. »