Engagée dans la neutralité climatique européenne, la Wallonie prévoit de réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Une étude portée par AKT for Wallonia identifie les leviers à activer en priorité pour viser l’atteinte de ces objectifs climatiques. Sans action publique ambitieuse et coordonnée, les entreprises wallonnes seront freinées dans leurs efforts de transition et risquent un recul de leur activité économique.
La Wallonie s’est engagée, dans le cadre du Green Deal européen, à réduire de 47% ses émissions de gaz à effet de serre dans les secteurs non-ETS d’ici 2030. Les plus grandes entreprises sont quant à elle couvertes par un système de réduction de quotas d’émissions de CO2 qui prévoit une réduction de gaz à effet de serre de 62%. Le besoin de lutter contre le dérèglement climatique et d’y contribuer fait consensus parmi les acteurs économiques. Toutefois, le cadre actuel ne permet pas encore de mobiliser pleinement les leviers nécessaires à une décarbonation efficace. Des ajustements sont donc indispensables pour permettre aux entreprises de s’engager plus concrètement dans la transition, tout en préservant la dynamique économique régionale.
C’est le message qui ressort de l’étude intitulée « PAKTE 2030 » portée par AKT for Wallonia et réalisée en collaboration avec les fédérations sectorielles. Ce rapport identifie les mesures nécessaires à mettre en œuvre pour réussir cette transition dans un cadre économiquement soutenable.
Quatre leviers clés
L’analyse met en lumière quatre leviers de décarbonation prioritaires : l’électrification des usages, la capture et le stockage du carbone (CCS – Carbon Capture and Storage), l’amélioration de l’efficacité énergétique, et le recours aux biocombustibles. Ces leviers sont techniquement réalistes et déjà bien identifiés par les entreprises, mais leur déploiement est ralenti par plusieurs freins à lever.
Parmi ceux-ci, les prix particulièrement élevés de l’électricité en Wallonie, la lenteur des procédures administratives et de l’octroi des permis, l’insuffisance du nombre d’infrastructures et un cadre réglementaire insuffisamment clair et incitatif sont pointés comme freins majeurs. De plus, la Wallonie reste en retrait par rapport aux aides publiques proposées dans des pays voisins et à l’accès aux fonds européens, ce qui diminue les incitants à investir.
Des mesures concrètes à activer
L’étude souligne que plusieurs grands industriels ont déjà présenté ou initié des plans de transition ambitieux. Si leur mise en œuvre était soutenue, ils permettraient à eux seuls d’atteindre, voire de dépasser, les objectifs de décarbonation du secteur industriel fixés par le Gouvernement wallon. Ces efforts resteront toutefois lettre morte en l’absence d’un accompagnement public cohérent et rapide.
Pour débloquer ces freins, douze recommandations prioritaires ont été formulées. Parmi elles, citons entre autres : assurer un prix de l’électricité stable et compétitif, accélérer l’octroi des permis pour les projets stratégiques notamment renouvelables, renforcer les infrastructures électriques, créer un réseau de transport du CO2, ou encore mobiliser les financements européens et le fonds Kyoto wallon.
L’étude insiste également sur la nécessité de clarifier le cadre réglementaire, de simplifier les démarches administratives, et de renforcer les compétences dans les secteurs clés de la transition (STEM et construction, par exemple).
Une transition réussie exige des mesures publiques ambitieuses et une coopération renforcée entre les pouvoirs publics et les entreprises. Les décisions d’investissements se prennent maintenant, il est urgent d’agir
Vers une vision politique intégrée
La réussite de cette transition repose sur une vision claire et partagée entre les différents niveaux de pouvoir. Le rapport appelle à un alignement politique renforcé et à une capacité stratégique accrue au sein des administrations.
Enfin, l’acceptabilité sociale des projets est identifiée comme un enjeu central. Pour fédérer les citoyens, les entreprises et les pouvoirs publics autour de cette transformation, des efforts de sensibilisation et d’information seront nécessaires, en particulier sur les bénéfices environnementaux et économiques à long terme.
L’urgence d’agir
Les conclusions du rapport sont claires : les objectifs 2030 sont théoriquement atteignables, mais cela suppose une mobilisation immédiate, à la hauteur de l’urgence climatique et des enjeux industriels. Les investissements à long terme doivent être décidés aujourd’hui faute de quoi la Wallonie pourrait voir certains de ses secteurs stratégiques décliner et ses objectifs climatiques 2030 être compromis.
Et après ? Ces priorités étant désormais identifiées, AKT for Wallonia continuera à être force de proposition pour opérationnaliser les actions à mettre en œuvre, affiner les propositions existantes et accompagner les acteurs dans la mise en œuvre concrète des trajectoires identifiées.