La Banque Nationale de Belgique (BNB) a récemment publié une étude sur les subsides attribués aux entreprises en Belgique. Certains médias ont rapidement souligné un montant jugé «trop élevé», surtout dans un contexte budgétaire où chaque euro compte. Chez AKT, nous pensons qu’il est important de clarifier la lecture de ces chiffres : si la Belgique consacre effectivement d’importants montants aux subsides, seule une faible part soutient réellement l’investissement et l’innovation, pourtant essentiels pour renforcer la compétitivité et générer une croissance pérenne.
L’étude de la BNB révèle que les subsides totaux accordés aux entreprises s’élèvent à environ 25 milliards d’euros en 2024, soit 4.1% du PIB belge. Cependant, si l’on se penche un peu plus en détails sur les chiffres, ceux-ci mettent en lumière une réalité plus nuancée. Notre analyse révèle une grande disparité dans les montants alloués aux différents secteurs :
Catégorisation des subsides « aux entreprises » identifiés dans l’étude de la BNB
| Catégorisation | Montants en milliards d’euros | % du total |
|---|---|---|
| Ménages et entreprises publiques, sociales ou de santé | 11,7 | 49% |
| Publics fragiles, décarbonation et environnement, formation | 4,1 | 17% |
| Innovation et investissement | 3,2 | 13% |
| Autres aides aux entreprises | 3,9 | 16% |
| Autres | 1,1 | 5% |
| Total | 24,1 | 100% |
Les soutiens à l’investissement et à l’innovation, pourtant essentiels pour dynamiser l’économie, ne représentent que 13% du total, soit 3,2 milliards d’euros. En les additionnant aux autres aides aux entreprises (3,9 milliards d’euros), on obtient environ 7,1 milliards d’euros réellement dédiés au secteur marchand, bien en deçà du total global de 25 milliards d’euros souvent évoqué dans l’étude.
Des comparaisons internationales à relativiser
L’étude de la BNB compare également la Belgique à ses voisins européens. La Belgique consacre environ 3,6% de son PIB aux subsides, contre 1,5% en moyenne dans l’Union européenne. Ce chiffre peut sembler élevé, mais il s’explique principalement par le poids des aides salariales : près de 80% des subsides aux affaires économiques servent à compenser le coût du travail, l’un des plus élevés d’Europe.
Autrement dit, ces soutiens ne constituent pas des «cadeaux» aux entreprises, mais un mécanisme de correction nécessaire pour préserver la compétitivité et l’emploi. À l’inverse, les aides à l’investissement ont reculé au fil du temps et restent inférieures à la moyenne européenne, alors qu’elles constituaient un point fort de la politique économique belge au début des années 2000.
Selon l’étude, le secteur des affaires économiques est délaissé en Belgique en comparaison avec la moyenne européenne et les pays voisins alors que le secteur de la protection sociale est le plus favorisé, en comparaison avec ces derniers. Résultat : la Belgique investit moins dans l’innovation, la compétitivité et la création de valeur à long terme, des leviers pourtant essentiels pour renforcer notre tissu économique.

Des chiffres à lire autrement
Il est donc clair que la majorité des 25 milliards d’euros de subventions vont à des acteurs publics et aux ménages. Les montants alloués au secteur privé servent, en grande partie, à alléger les charges salariales, un mécanisme compensatoire dans un pays où le coût du travail figure parmi les plus élevés d’Europe. Ces soutiens n’enrichissent pas directement les entreprises : ils permettent avant tout de maintenir la compétitivité et l’emploi.
Autrement dit, la Belgique investit certes beaucoup en subsides, mais relativement peu dans les secteurs stratégiques pour l’avenir, capables de transformer notre économie. Le véritable constat est le déséquilibre entre le soutien à l’économie marchande et le soutien au secteur publique et non-marchand.
Réduire l’investissement dans le secteur privé serait réellement contre-productif, celui-ci étant un moteur d’emploi et d’avenir. Une réforme sur les coûts du travail permettrait de revenir à des niveaux comparables à ceux de la moyenne européenne. Actuellement, une part trop faible est consacrée à la compétitivité, à l’innovation et à la croissance de notre tissu économique.
AKT continuera de le rappeler : chaque euro public mobilisé devrait viser un effet de levier sur l’économie – plus d’emplois privés de qualité, plus d’innovation, une productivité accrue et une transition écologique accélérée.