Conclave budgétaire : tenir le cap de l’avenir 

Écrit par Corinne BODART

8.10.2025

À l’heure des choix budgétaires, nous partageons une conviction simple : la Wallonie doit continuer à investir dans son avenir. Réduire les inefficacités, oui. Mais affaiblir l’investissement et l’activité économique, non.

Le Gouvernement wallon mène un conclave budgétaire délicat. Les contraintes sont réelles, les marges pour de nouvelles politiques extrêmement limitées. Nous en sommes conscients : l’effort devra être collectif. Le monde de l’entreprise a déjà largement contribué à l’effort lors du budget 2025 où les interventions publiques les concernant avaient été rabotées de près de 145 millions.

Par ailleurs, dans le contexte fiscal wallon, et plus largement belge, déjà extraordinairement accablant pour les entreprises, toute nouvelle taxe ou augmentation de la pression fiscale, constituerait un choix politique absolument incompréhensible et contraire aux ambitions affichée par la déclaration de politique régionale.

Mais ce nouvel effort devra donc être orienté vers ce qui ne déforce pas notre économie et qui prépare l’avenir. L’investissement économique n’est pas une dépense comme une autre : c’est ce qui permet de créer de l’activité, de l’emploi et, à terme, de financer les politiques publiques. Car rappelons-le, le manque d’entreprises et d’emplois privés sont les causes centrales de nos déséquilibres actuels (la Wallonie comptant 21 emplois privés pour 100 habitants contre 29 en Flandre).

Chaque décision prise aujourd’hui pourrait donc avoir un impact durable sur notre capacité à produire, à innover, à former… Si nous voulons redresser durablement nos finances publiques, et assurer la pérennité de nos services publiques, c’est en soutenant ce qui crée de la valeur, pas en réduisant l’ambition de notre développement économique.

Réformer, pas affaiblir

Chez AKT, nous soutenons les réformes qui rendent les politiques publiques plus efficaces et plus justes.

Mais il faut rester cohérents : ces leviers doivent conserver les moyens nécessaires pour fonctionner. Les aides économiques représentent moins de 5% du budget régional. Tailler dans ce budget, au-delà des impacts indirects délétères précités, n’apporterait pas de solution d’une ampleur crédible pour redresser durablement nos finances.

Accélérer ce qui doit l’être

Un an après le début de la législature, nous voyons des avancées réelles dans de nombreux domaines.
L’emploi, d’abord : la réforme des aides et le renforcement de l’accompagnement des demandeurs d’emploi vont clairement dans la bonne direction. Ce sont des signaux positifs qu’il faut maintenant consolider sur le terrain.

D’autres chantiers progressent mais doivent livrer plus vite des résultats visibles. C’est le cas de la réforme de la politique d’innovation, de l’énergie, de la mise à disposition de terrains économiques ou encore de la formation qualifiante. Ces leviers sont essentiels pour soutenir la relance, mais ils doivent désormais passer de la planification à la réalisation.

La question énergétique illustre bien les défis à relever. Dans plusieurs zones, le réseau électrique wallon ne permet plus d’accueillir de nouveaux projets, qu’ils soient industriels, économiques ou territoriaux. La boucle du Hainaut doit être décidée rapidement : c’est une condition pour pouvoir investir et créer de l’activité ici, en Wallonie. La question est éminemment complexe, y apporter des solutions crédibles prend logiquement du temps, mais le temps commence à manquer.

Enfin, certains dossiers demandent encore de produire des résultats tangibles, en particulier la simplification administrative et la réduction des délais de permis. Trop d’entreprises attendent encore des mois, voire des années, pour faire aboutir un projet pourtant soutenu par les pouvoirs publics.

Ces complexités coûtent cher : chaque retard, c’est un investissement différé, une embauche reportée, un signal négatif pour l’attractivité de la Wallonie.

Donner à la Wallonie les moyens de se développer

Plus largement, c’est la capacité de développement de notre Région qu’il faut sécuriser.

Les entreprises n’attendent pas que l’État agisse à leur place, elles attendent un environnement stable et prévisible : des règles claires, des délais maîtrisés, une vision cohérente de la transition énergétique et économique.

C’est à partir de cette base que nous devons accélérer ce qui est amorcé : les réformes qui avancent, les projets qui doivent livrer, et ceux qui doivent enfin se débloquer.

Le cap est connu : réformer avec discernement, soutenir ce qui fonctionne, et garder l’ambition de grandir.