Dégradation de l’activité industrielle : un appel à l’action

Écrit par Corinne Bodart

24.10.2024

Agoria, la Fédération de l’industrie technologique, vient de publier un rapport inquiétant sur l’évolution de l’activité industrielle en Belgique. Tous les indicateurs sont au rouge, en ce compris (et c’est exceptionnel) dans le secteur ICT.

Ces constats rejoignent les retours qui nous parviennent des autres secteurs. La situation n’est pas propre à la Belgique ni à la Wallonie, mais concerne plus largement l’Europe : notre continent dans son ensemble est en perte de vitesse. Une perte de vitesse accélérée par rapport aux USA et à la Chine.

Ces signaux ne doivent pas nous amener au désespoir, mais au contraire, nous amener à agir encore plus vite et avec détermination, et ce, à deux niveaux.

1. Au niveau belge et wallon, il faut – enfin – faire les réformes nécessaires pour rétablir notre compétitivité et rendre notre territoire favorable au développement de l’activité économique :

  • Notre politique industrielle et d’innovation doit être revue pour mieux soutenir l’émergence de secteurs de croissance où nous sommes des leaders mondiaux.
  • La politique de l’emploi et de la formation doit elle aussi être réformée pour que nos entreprises aient accès aux talents.
  • Le choc de simplification administrative doit être déployé avec vigueur, en priorité pour nos entreprises.
  • Les gouvernements régionaux et fédéraux doivent travailler de concert pour réduire le coût de l’énergie pour les industriels (l’électricité est, par exemple, 10 à 21% plus élevée en Belgique que chez nos voisins)
  • Le nouvel accord fédéral doit adopter les mesures nécessaires pour réduire de manière structurelle le handicap salarial dont souffre notre pays.

Pour y parvenir, le dialogue social sera essentiel : AKT tend la main aux partenaires syndicaux.

2. En ligne avec les recommandations du récent rapport Draghi, il faut également agir au niveau européen pour que notre continent redevienne une terre de dynamisme économique et technologique. C’est-à-dire :

  • Achever le marché unique européen (qui reste encore trop fragmenté) est un premier élément.
  • Moderniser le fonctionnement de notre marché des capitaux afin que les entreprises en plein essor puissent accéder aux financements nécessaires pour poursuivre leur développement, sans devoir chercher ces fonds à l’étranger.
  • Ajuster et renforcer les politiques européennes d’innovation, de recherche, ainsi que les politiques industrielles et commerciales, pour renforcer la position de l’Europe en tant que leader mondial dans certaines chaînes de valeur de demain.
  • Élaborer une stratégie européenne est indispensable pour garantir notre compétitivité énergétique : le coût du gaz est 2,5 fois plus élevé et le coût de l’électricité est 50% plus élevé en Europe qu’aux États-Unis.