ESPRITS D’ENTREPRENEURS #5 | Marc du Bois (Spadel)

Écrit par Corinne BODART

23.07.2025

Pour savoir ce qui fait courir les entrepreneur(e)s, ce qui les anime, ce qui les passionne, ce qui les construit, Giles Daoust (Président de Daoust SA) a imaginé un jeu de questions afin de sonder leurs cœurs et leurs esprits. Retrouvez ici le portrait un peu décalé de Marc du Bois (Spadel)… illustrés par Pierre Kroll !

Sous la direction de Giles DAOUST

Votre premier job rémunéré (hors job d’étudiant) ?

Marc DUBOIS (Spadel) :Merchandiser puis sales developer chez Coca-Cola. Un jour, je me suis même chamaillé avec un représentant de Spadel – qui ignorait alors qui j’étais – pour de l’espace dans le rayon d’un supermarché. Faire ses armes en dehors de l’entreprise familiale était une condition sine qua non avant de l’intégrer.

Le « defining moment » de votre vie professionnelle ?

Le décès accidentel de mon frère en septembre 2000. L’entreprise perdait un CEO et moi un frère et un grand ami, presqu’un père. L’émotion fût énorme. Lors du service religieux, la présence de 500 ouvriers en tenue m’a fait comprendre que je ne pouvais pas abandonner l’entreprise, malgré les sollicitations fortes des concurrents. Mais, à 37 ans et 6 ans seulement après mon entrée, je n’étais pas prêt à reprendre seul les rênes. Entouré d’un CA très fort, j’ai souhaité mener l’entreprise en duo avec un Directeur Général les quelques années qui ont suivi.

Votre plus belle réussite professionnelle ?

Ce qu’est devenu Spadel aujourd’hui. Un groupe international indépendant et florissant, sans aucun endettement et des projets plein les tiroirs. Je ne crois pas que mon frère l’aurait imaginé. Je n’étais pas attendu dans ce rôle. Il m’arrive aujourd’hui de me retourner et de faire un clin d’œil à la vie, même s’il faut rester humble pour progresser encore.

Votre plus gros échec professionnel ?

Il y a bien eu l’une ou l’autre acquisition manquée mais je ne considère pas vraiment cela comme des échecs. Il n’y a rien d’anormal à vivre quelques déceptions quand on est très exigeant…

Votre super-pouvoir ?

Il m’est difficile de répondre car j’essaye toujours de garder la tête froide. De là vient aussi ma réticence à m’exposer en public. J’espère qu’on retiendra de moi ma vision pour le développement durable et ma capacité à embarquer les gens dans mes rêves.

Votre plus grand défaut ?

J’en ai plein mais avant tout, je suis trop pressé. J’aimerais être capable de mieux prendre le temps de contempler.

L’élément clef du succès de Spadel ?

Les femmes et les hommes qui y travaillent. A tous les niveaux règne une liberté de proposer, d’initier et de trouver des solutions. Cela rend les processus décisionnels parfois plus long mais beaucoup plus riches que si le CEO devait dire à chacun ce qu’il doit faire. L’autre élément, c’est un business model qui n’appartient qu’à nous dans notre secteur, notamment une stratégie locale. Et puis la force de nos marques.

Si vous n’aviez pas été à la tête de Spadel, quel job auriez-vous souhaité exercer ?

Tondre, planter, gratter dans un potager m’amène de la sérénité. Pour mon épouse, j’aurais dû être jardinier. Moi je dis « rêveur », mais ce n’est pas un métier…

Qui est votre héros ? Votre modèle ? Votre source d’inspiration ?

Bertrand Picard m’interpelle beaucoup. Il dit que la vie doit être excitante et utile. Excitante seulement, elle tend vers l’égoïsme. Et si elle n’est qu’utile, elle devient ennuyeuse.

Votre hobby préféré ?

Le contact avec la nature. Il m’arrive régulièrement de randonner en forêt et y pique-niquer, seul au pied d’un arbre.

Votre livre préféré ?

Le « Petit Prince » de Saint Exupéry, pour sa philosophie de transmission aux générations suivantes. Elle animait aussi mon frère.

Votre film préféré ?

« Itinéraire d’un enfant gâté ». J’avais 26 ans quand je l’ai vu pour la première fois. J’ai adoré Belmondo et ce scénario où un dirigeant regarde à distance sa famille et sa société après avoir organisé sa propre disparition.

Votre endroit préféré ?

Les Ardennes belges.

Quel conseil donneriez-vous à votre « vous » du début de votre carrière ?

"Ne crains pas de partir à l’étranger et apprends-y les langues !" Aujourd’hui, je voyage pour le travail mais le ferai encore d’avantage lorsque j’aurai plus de temps.

Quelle est votre devise ?

« Penser loin, parler vrai, agir juste ». C’est ainsi qu’on crée la confiance mutuelle autour de soi.