L’économie wallonne dans la moyenne nationale en 2023
Écrit par Olivier PAUWELS
10.02.2025
Les comptes régionaux pour l’année 2023 ont été publiés par la Banque Nationale il y a quelques jours. Quelques bonnes nouvelles, mais des points d’attention également.
La croissance économique wallonne a décru, mais est restée en phase avec la moyenne nationale
En 2023, l’activité économique en Wallonie a sensiblement ralenti, passant d’une croissance de 4,1% en 2022 à 1,2% en 2023. Cette diminution était attendue en raison de la fin des effets de rattrapages liés à la sortie de la crise Covid. Bien que modeste pour une période de sortie de crise, cette croissance est comparable à celle de la Flandre (1,3%) et s’inscrit dans un contexte économique difficile en Zone Euro (0,4%). La Wallonie a d’ailleurs fait figure de bon élève au regard de la croissance chez nos voisins en France (0,9%), aux Pays-Bas (0,1%) et en Allemagne (-0,3%).
L’activité industrielle a reculé, mais est restée le principal moteur de la croissance économique en Wallonie
L’activité industrielle en Wallonie, bien que toujours fragilisée par le contexte géopolitique, la hausse des prix de l’énergie et des problèmes structurels dans certains sous-secteurs, est restée, en 2023, le principal moteur de la croissance régionale. Des divergences importantes existent toutefois au sein du secteur : alors que des industries comme la métallurgie et le plastique/verre, fortement impactées par l’augmentation des coûts de l’énergie, ont contribué négativement à la croissance (-0,2 pp[1]), l’industrie pharmaceutique a quant à elle joué un rôle de moteur avec une contribution fortement positive de 0,8 pp, soulignant une fois de plus son importance pour l’économie wallonne.
Cette dynamique contraste avec la situation observée en Flandre, où la croissance repose sur un éventail de secteurs plus diversifié et où l’industrie, dans son ensemble, a affiché une contribution négative à la croissance. Cette spécialisation de la Wallonie est donc à surveiller et à intégrer aux réflexions en cours relatives à la définition de la politique industrielle régionale.
La croissance de l’emploi s’essouffle
La création d’emploi s’est quant à elle essoufflée partout en Belgique (0,8% en 2023 contre 1,9% en 2022), et a été singulièrement plus faible en Wallonie (0,4%) que dans les deux autres régions (0,9% en Flandre et 0,8% à Bruxelles). Ainsi, seuls 14% des nouveaux emplois ont été créés en Wallonie, contre 70% en Flandre, une différence qui s’explique en partie par la nature des secteurs en croissance. En Flandre, la croissance a été davantage portée par les services, secteur globalement plus intensif en termes de création d’emplois. En revanche, la croissance en Wallonie a été principalement portée par l’industrie, où la productivité plus élevée se traduit généralement par une création d’emplois directs plus faible. La création d’emplois indirects est par ailleurs généralement décalée dans le temps. En 2023, la croissance de l’emploi industriel a d’ailleurs fortement ralenti en Wallonie, passant de 0,7% en 2022 à seulement 0,1% en 2023. Malgré cette tendance, le secteur pharmaceutique continue de jouer son rôle de moteur, en assurant la création de plus de 500 emplois, soit une contribution de 0,4 pp à la croissance de l’emploi industriel. Par ailleurs, les frictions observées sur le marché du travail, et singulièrement les pénuries de main-d’œuvre, ont également contribué à ces tendances.
Cette dynamique divergente sur le marché du travail entre les deux régions n’a donc pas permis à la Wallonie de réduire l’écart avec la Flandre, la région restant logiquement confrontée à un taux de chômage nettement plus élevé (7,9% en 2023, contre 3% en Flandre) et un taux d’emploi bien plus faible (65,5% en 2023, contre 76,8% en Flandre).
Place aux politiques économiques ambitieuses
Les comptes régionaux 2023 soulignent une nouvelle fois l’urgence pour la Wallonie d’accélérer la création d’un cadre favorable pour stimuler l’activité économique dans son ensemble. L’activité industrielle, qui demeure le principal moteur économique régional, reste freinée par des coûts énergétiques élevés et les pénuries de main-d’œuvre. L’accélération de la définition d’une politique industrielle ambitieuse pour la Wallonie et intégrée dans les initiatives fédérales et européennes sera essentielle.
[1] Point de pourcentage