L’emploi : la meilleure arme contre la pauvreté 

Écrit par Elvis MIHALOWITCH

11.03.2025

AKT a pris part au lancement du groupe de travail “Emploi, formation et revenus”, dans le cadre de l’élaboration du futur Plan wallon de lutte contre la pauvreté, une initiative du ministre des Solidarités, Yves Coppieters. Notre message : l’intégration au marché du travail est la meilleure politique de prévention et de sortie durable de la pauvreté.

Notre constat est clair : avoir un emploi est le meilleur moyen d’échapper à la pauvreté. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 68 % des personnes sans emploi en Wallonie sont en situation de pauvreté, contre seulement 7 % des travailleurs. Et le taux de pauvreté est près de deux fois plus bas en Flandre qu’en Wallonie… principalement car le taux d’emploi y est plus élevé.

Pourtant, trop de personnes restent bloquées à la porte du marché du travail. Le futur Plan wallon de lutte contre la pauvreté doit être plus efficace que le précédent. Nous défendons une approche plus ciblée et plus pragmatique, centrée sur l’emploi et la formation, sans forcément mobiliser plus de moyens budgétaires, mais en les utilisant mieux. Nous pensons qu’il faut agir en particulier sur 6 grands chantiers.

1. Miser sur l’éducation et la formation

Pour nous, tout commence dès l’école. Plus on est qualifié, plus on a de chances d’avoir un emploi stable : 88 % des diplômés du supérieur trouvent un emploi, contre seulement 37 % des personnes ayant un diplôme primaire.
Nous devons agir donc sur plusieurs fronts pour :

  • Soutenir les jeunes en difficulté scolaire, pour prévenir le décrochage.
  • Proposer des alternatives aux “décrocheurs”, avec des formations adaptées, des filières qualifiantes et l’apprentissage en alternance.
  • Améliorer les formations qualifiantes (tant au niveau de l’enseignement secondaire que des formations professionnelles pour adulte) qui aujourd’hui ne mènent pas suffisamment à un emploi.

Sur ces trois éléments, les gouvernements wallons et de la Communauté française se sont accordés sur les bases d’une feuille de route d’amélioration en 13 chantiers (au premier titre desquels, le développement de l’alternance). AKT a apporté son plein et entier support à cette démarche. Nous avons fait offre de support pour accompagner la mise en œuvre de cette feuille de route.  Aux Gouvernements maintenant de lancer la mise en œuvre.

2. Mieux récompenser le travail

Nous croyons qu’un emploi doit permettre de mieux vivre que les allocations sociales. Or, aujourd’hui, l’écart est parfois trop faible, ce qui peut décourager la reprise du travail.
Deux leviers nous semblent essentiels :

  • Alléger les charges sur les bas salaires, pour que le travail soit toujours plus attractif.
  • Éviter les pièges à l’emploi, en garantissant un vrai écart entre salaire et allocations sociales.

3. Un accompagnement plus efficace vers l’emploi

Trop de personnes restent au chômage faute d’un suivi adapté. Nous devons radicalement améliorer l’effectivité du Forem, des CPAS et des acteurs de l’insertion, pour proposer un accompagnement qui réponde aux besoins de chacun.
Cela passe notamment par :

  • Un suivi plus rapide, plus intense et plus personnalisé pour chaque chercheur d’emploi.
  • Des propositions régulières d’actions concrètes pour chaque demandeur d’emploi (offre d’emploi, de stage, de formation ou d’accompagnement), intégrée dans un plan d’action individuel régulièrement mis à jour ;
  • Une responsabilisation équilibrée, qui encourage l’activation sans tomber dans des sanctions injustes ou pénalisantes.

4. Investir là où ça fonctionne

Avec un objectif de 80 % d’emploi d’ici 2030, nous devons nous assurer que chaque euro investi produit des résultats concrets.
Nous plaidons pour :

  • Un suivi précis des dispositifs d’insertion, afin de concentrer les ressources sur ceux qui fonctionnent réellement.
  • Un financement partiellement conditionné aux résultats de l’ensemble des acteurs de la formation et de l’insertion, pour maximiser l’impact des politiques d’insertion.

5. Lever les obstacles au travail

Trouver un emploi ne suffit pas. Il faut aussi pouvoir s’y rendre et le concilier avec sa vie personnelle. Nous devons lever les freins qui empêchent encore trop de personnes de travailler :

  • Le manque de places en crèche, qui complique la vie des familles.
  • Les problèmes de mobilité, qui rendent certains emplois ou formations inaccessibles.

Ces barrières ne sont pas liées à l’emploi lui-même, mais elles empêchent l’accès au travail. Il est essentiel d’y répondre pour garantir une insertion durable.

6. Changer le regard sur le travail

Dans certaines familles, le travail est perçu comme un univers inaccessible, notamment à cause du chômage de longue durée.
Chez AKT, nous proposons de travailler sur le regard et la culture du travail en Wallonie. Cela pourrait notamment se réaliser en :

  • Renforçant les partenariats entre entreprises et écoles, pour mieux orienter directement les jeunes vers des emplois concrets auprès d’entreprises locales en fin de formation et mieux exposer nos jeunes à l’univers du travail durant leurs études
  • Lutter contre les stéréotypes, qui freinent encore certaines vocations, notamment dans les métiers techniques et scientifiques.

Construire ensemble un marché du travail plus accessible à tous

Chez AKT, nous participons activement au Plan wallon de lutte contre la pauvreté avec une conviction forte : l’emploi, ce n’est pas seulement un revenu, c’est un moteur d’émancipation et d’intégration sociale.