L’entrepreneuriat féminin s’accélère en Wallonie : accentuons le mouvement !
Écrit par Daphné SIOR
7.03.2025
Les femmes sont de plus en plus présentes dans le paysage entrepreneurial wallon. Représentant plus d’un tiers des indépendants, elles participent activement au dynamisme économique de notre région. Et la tendance semble s’accélérer ces dernières années : en 5 ans, le nombre de femmes wallonnes qui se sont lancées dans l'entrepreneuriat a augmenté de 14,19%. Une bonne nouvelle, mais il reste du chemin à parcourir. Chez AKT, nous proposons des pistes d'action pour accentuer encore ce mouvement.
Nous sommes tous d’accord, l’entrepreneuriat féminin mériterait d’être soutenu, et valorisé, au quotidien et pas seulement à l’occasion de la « Journée internationale des droits des femmes » (8 mars). Cette date symbolique reste cependant, en l’état actuel des choses, une bonne occasion de faire le point sur le sujet.
Des chiffres en hausse, témoins d’un changement de mentalités ?
Comme l’illustre l’infographie ci-dessus, les femmes envisagent de plus en plus l’entrepreneuriat comme un idéal pour s’épanouir, pour aligner leurs valeurs personnelles et professionnelles et pour flexibiliser la gestion de leur équilibre vie privée/vie professionnelle.
Pourtant, nombre d’entre elles (37%) estiment ne pas être indépendantes financièrement et gagnent d’ailleurs en moyenne 40% de moins qu’un entrepreneur.
Il faut aussi noter qu’elles sont un peu moins nombreuses que les hommes à employer des salariés (20% vs 28%) et qu’elles sont principalement actives dans des secteurs qui nécessitent parfois moins d’investissements de départ. C’est le cas des professions libérales ou du secteur des services dans lesquels respectivement 44% et 11% des femmes entrepreneures indépendantes et aidantes exercent leurs activités.
Autre fait intéressant, les femmes sont surreprésentées dans le secteur de la santé humaine et sous-représentées dans les secteurs de la construction et de la technologie. Ainsi, seulement 10% des CEO et créateurs d’entreprises technologiques en Belgique sont des femmes.
On peut faire mieux ! Nos principaux leviers d’action
Soutenir et motiver les femmes entrepreneures en amont de la création de leur activité indépendante est essentiel. Car une fois lancées, il nous revient que les différences entre l’entrepreneuriat féminin et masculin s’amenuisent.
Conscient de l’enjeu, le Gouvernement wallon souhaite, dans sa déclaration de politique régionale, augmenter encore le nombre de femmes entrepreneures d’ici 2029. Pour ce faire, il envisage de travailler sur trois axes. Voici ce que nous suggérons, chez AKT, pour chacun de ceux-ci.
AXE 1 – Sensibilisation
C’est au stade de la réflexion d’un projet entrepreneurial qu’il faut multiplier les dispositifs de sensibilisation et même avant.
Quelques pistes pertinentes :
- Intégrer la sensibilisation à l’entrepreneuriat dans les parcours scolaires.
- Multiplier les témoignages positifs mettant en avant les success stories féminines.
- Questionner la notion d’ambition et la stimuler, dès le départ. On constate en effet que les femmes entrepreneures sont plus prudentes que ce soit lorsqu’il s’agit de créer son entreprise, de la faire croître ou d’afficher une volonté d’employer du personnel.
C’est en envisageant la sensibilisation comme un continuum d’actions qui suivent le développement de la femme entrepreneure en devenir que l’on parviendra à susciter davantage de vocations.
De nombreuses initiatives de mentoring et réseautage féminin sont déjà à l’œuvre. Il est important de visibiliser et de mettre en avant leur rôle crucial pour promouvoir et soutenir l’entrepreneuriat féminin.
Un exemple parmi d’autres dans un secteur qui compte pourtant trop peu de femmes : Women in Tech, réseau mondial qui rassemble plus de 3 millions de membres et met en avant des femmes entrepreneures dans leur carrière technologique. Il offre également des programmes de mentorat, de formations et des opportunités de réseautage pour les soutenir.
AXE 2 – Financement
Ici aussi, le premier levier est lié à la sensibilisation. Il faut parvenir à lever certaines craintes et doutes pour permettre aux femmes entrepreneures d’avoir de plus grandes ambitions. Bien-sûr, il faut aussi faciliter l’accès aux sources de financement qui est un levier essentiel pour rassurer sur la faisabilité du projet entrepreneurial.
Promouvoir les différents mécanismes avantageux proposés par les acteurs privés du financement ainsi que les produits avec garanties automatiques qui existent déjà Wallonie Entreprendre est une bonne manière de commencer à démystifier le financement d’une activité indépendante.
AXE 3 – Équilibre vie privée / vie professionnelle
Enfin, de multiples aspects peuvent être activés pour garantir un équilibre serein dans le quotidien de la femme entrepreneure. La disponibilité de places en crèches, la déduction maximale des titres-services et pourquoi pas leur élargissement à des services de gardes d’enfants, … autant de pistes à explorer.
Coup de projecteur | Le secteur de la tech au féminin : Béatrice de Mahieu (BeCode) agit !
Malgré les défis évoqués ci-dessus, des femmes entrepreneures belges et wallonnes réussissent à s’imposer, en ce compris dans la tech où elles combinent innovation technologique et impact sociétal. Ces figures ouvrent la voie à une nouvelle génération de talents féminins du numérique.
C’est le cas de Béatrice de Mahieu qui a accumulé une riche expérience dans les secteurs des télécommunications et de l’innovation (Telenet, Microsoft, Co.Station Belgium, Proximus) avant de prendre la direction, en 2022, de BeCode, une école de codage ayant pour mission de rendre les métiers de l’informatique accessibles à tous.
En tant que CEO de BeCode, elle s’engage à renforcer l’impact social de la formation des talents numériques. Elle rappelle que la proportion de filles présentes dans les filières d’enseignement STEM, bien qu’améliorable, n’est pas négligeable : en 2020, 25% des étudiants STEM sont des femmes, proportion qui augmente au fil du temps (ARES). Pourtant, elles sont moins nombreuses à se lancer comme entrepreneures par la suite.
Au travers de BeCode, Béatrice œuvre en faveur d’une inclusion accrue des femmes dans les métiers technologiques en leur permettant de dépasser leurs croyances limitantes. Elargir les discours traditionnels pour permettre de surmonter les peurs liées aux prises de responsabilité et ainsi travailler sur les barrières psychologiques font partie de ses convictions. Ce sont pour elle des approches essentielles pour encourager plus d’engagement et de leadership.
