Quelques éclaircies dans ce climat de guerre commerciale

Écrit par CBC (Publi-rédactionnel)

18.04.2025

Depuis le 2 avril dernier, la guerre commerciale est bel et bien enclenchée et, à ce stade, il est impossible de savoir ce que vont donner les différentes discussions menées par environ 75 pays pour essayer d’adoucir les hausses des tarifs douaniers. S’il est question de risque de stagflation, de récession au niveau mondial en fonction de la tournure des événements, essayons d’identifier ce qui pourrait être positif dans la situation actuelle.


Un article de Bernard KEPPENNE, Chief Economist CBC Banque et Assurance


Baisse du prix du baril

Le risque d’une récession a fait chuter assez sensiblement le prix du baril, avec un Brent qui a atteint un niveau qui n’avait plus été vu depuis mars 2021. Il faut dire qu’avant l’annonce, par Trump, de la hausse des tarifs douaniers, les pays de l’OPEP+ avaient annoncé une hausse plus importante de reprise de la production dans un marché pourtant déjà déséquilibré par un excédent d’offre.

Cette forte baisse du prix du baril est dès lors une excellente nouvelle pour l’Europe qui doit importer ce dernier ainsi que pour les industries européennes.

Et deuxième effet positif, cela met à mal l’économie russe.

Alors que jusqu’à présent l’économie russe a fait plus que résister, elle a montré ces derniers mois des signes de ralentissement et la chute du prix du baril tombe au plus mauvais moment.

Selon les données disponibles, la croissance du PIB est tombée à 0,8% en taux annuel en février, contre 3% en janvier, soit le chiffre le plus bas depuis mars 2023.

En cause, des taux d’intérêt élevés pour juguler l’inflation, les pénuries de main-d’œuvre, le manque de capacité de production en dehors du secteur de la défense et la pression continue des sanctions occidentales.

Mais depuis quelques jours, il faut rajouter à ces facteurs le fait que le prix du mélange russe de l’Oural est tombé à environ 53 dollars le baril, ce qui est inférieur au prix moyen de 69,7 dollars le baril de l’Oural sur lequel la Russie a basé son budget pour 2025.

Il faut savoir que les ventes de pétrole et de gaz naturel représentent un tiers des recettes du budget fédéral russe, qui financent une augmentation de 25% des dépenses de défense cette année, pour atteindre les niveaux les plus élevés depuis la guerre froide.

Baisse des taux

Contraintes et forcées, vu la dégradation de la situation, les Banques centrales vont peut-être devoir baisser plus vite leurs taux que prévu. Cela a déjà été le cas de la Banque centrale indienne, avec un ajustement de 0,25% le 9 avril, et cela devrait être le cas de la BCE qui devrait réduire ses taux de 0,25% le 17 avril, alors qu’une pause était attendue avant les sorties de Trump.

Il faut évidemment que cette baisse des taux courts se répercute sur l’ensemble de la courbe et entraîne également une baisse des taux longs pour soutenir les investissements.

Si la BCE peut baisser ses taux, c’est aussi parce que l’inflation continue de refluer dans la zone euro, ce qui pourrait moins être le cas pour la Banque centrale américaine, compte tenu de la hausse des tarifs douaniers qui pourrait réactiver une hausse de l’inflation. Résultat, l’économie américaine ne pourrait alors pas bénéficier d’un coup de pouce monétaire comme la zone euro.

Retour des capitaux en Europe

La défiance vis-à-vis des États-Unis pourrait se transformer en désengagement des investisseurs et en un retour des capitaux en Europe, dont elle a vraiment besoin, alors qu’elle veut renforcer sa défense et aussi se réindustrialiser.

Le Trésor américain pourrait avoir du mal à se financer, ce qui explique la tension sur les taux obligataires aux États-Unis, ce qui aiderait potentiellement l’Europe à concrétiser enfin son vaste marché des capitaux, dont nous avons absolument besoin pour reconquérir notre indépendance.

Nouvelles relations commerciales

L’attitude de Trump est venue confirmer que l’Europe ne pouvait plus compter sur les États-Unis et devait prendre son destin en main. Cela passera par de nouvelles alliances commerciales, le développement de nouveaux marchés et aussi un renforcement du marché intérieur.

Car nouer de nouvelles relations commerciales ne signifie pas uniquement négocier un accord avec l’Inde, mais implique également de renforcer les relations commerciales intra-européennes pour favoriser un vaste marché européen porté par la consommation.

Retenons les éléments positifs, malgré les soubresauts dans les marchés financiers et les inquiétudes légitimes des entreprises, car dans toutes les crises, il existe des opportunités. Et celle-ci ne fait pas exception.