Résilience sans reprise ? L’économie wallonne cherche son second souffle
Écrit par Corinne BODART
22.05.2025
Les entreprises wallonnes montrent une fois de plus leur capacité à s’adapter dans un contexte international marqué par l’imprévisibilité : on évite le pire mais les perspectives de croissance s’affaiblissent et on n’entrevoit toujours pas les signes d’une reprise de l’économie wallonne. A l’intérieur de nos frontières, la compétitivité de nos entreprises reste fragilisée par des freins bien connus : le coût du travail et de l’énergie, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée et la lourdeur administrative. C’est ce qui ressort de la dernière enquête conjoncturelle menée par AKT. Il s’agit de la première analyse conjoncturelle publiée par AKT depuis les mesures douanières prises par les États-Unis en avril dernier.
Un impact des États-Unis réel, mais contenu
Si les États-Unis représentent un partenaire commercial important pour la Wallonie (12,4% des exportations de biens), ils ne représentent, toutefois, qu’une minorité de nos exportations, et l’impact direct de leur nouvelle politique commerciale reste, à ce stade, contenu.
Près d’un entrepreneur sur cinq déclare cependant ressentir déjà des effets concrets et significatifs. Ces entreprises adaptent leur stratégie : recherche de nouveaux marchés, diversification des exportations, etc.
Dans ce climat, la Wallonie évite la récession, mais les perspectives de croissance restent faibles. L’activité se stabilise et les investissements tiennent bon, soutenus par la baisse des taux d’intérêt. La croissance prévue pour 2025 est estimée à 0,9%, ce qui ne suffit toutefois pas à combler le retard économique par rapport aux régions plus dynamiques d’Europe.
Le paradoxe de l’emploi persiste
Le marché du travail wallon reste marqué par un déséquilibre : un nombre élevé de chercheurs d’emploi (247.000 en avril 2025), des milliers d’emplois vacants (37.000 postes) et des difficultés de recrutement persistantes. À quelques mois de la réforme du chômage, l’accompagnement des chercheurs d’emploi apparaît plus que jamais comme un enjeu clé pour relancer durablement l’économie régionale.
Trois freins majeurs à la compétitivité
Les coûts (salariaux et de l’énergie) et la pénurie de profils qualifiés restent les premiers freins à la compétitivité. Mais la lourdeur administrative gagne en importance : en trois ans, la part des CEO wallons qui la citent comme obstacle a augmenté de près de 20 points. Aujourd’hui, un dirigeant sur deux la cite comme problème prioritaire. Les résultats du choc de simplification administrative annoncé en Wallonie se font attendre.
Frédéric Panier, CEO d’AKT : « Les entreprises wallonnes ont prouvé une fois de plus qu’elles pouvaient encaisser les chocs. Elles s’adaptent, elles avancent. Mais on ne transformera pas cette résilience en vraie relance si les réformes attendues ne se concrétisent pas rapidement. Les chantiers sont lancés : maintenant, il faut les concrétiser. »